Notes de lecture

Ce que Joan Didion veut nous dire

Le centre ne tiendra pas. S’il y avait une façon de décrire l’œuvre de Joan Didion, ce serait bien celle-là : l’effondrement, ou comme elle le dit souvent, l’atomisation. Le documentaire de Griffin Dunne en fait un portrait saisissant. Mais lire Joan Didion dans le texte, de préférence dans sa langue originale, est une expérience intime qui ne peut être répliquée à l’écran. Nous sommes en contact direct avec son style déroutant et ici, le style et le contenu sont une seule et unique chose : le spectacle d’un monde toujours plus complexe et plus étrange, une confusion générale retranscrite avec un grand souci de précision. La volonté de décrire, sans jugement. Ou alors différer le jugement, le temps de bien comprendre la situation, d’en distinguer toutes les nuances.

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Parenthèses

Comment la science-fiction peut-elle nous aider à vivre dans le monde actuel ?

Quand nous parlons de lecture comme remède aux maux de notre temps, c’est souvent comme une forme d’évasion. Il s’agit de tourner son dos à la réalité et de trouver répit dans un monde fictif. C’est, quelque part, une forme d’oblomovisme. Or, je suis d’avis que la force de l’imaginaire est justement dans sa capacité à nous ancrer dans le monde au lieu de nous en éloigner. C’est d’autant plus vrai lorsqu’on plonge dans la littérature spéculative.

Pour Isaac Asimov, la science-fiction est une escapade vers la réalité. En effet, elle nous met face à face avec les réalités les plus dérangeantes de notre monde, poussées à leurs extrêmes ou mises en contraste avec un idéal. Des auteurs comme Aldous Huxley, Philip K. Dick ou encore Frank Herbert peuvent nous aider à faire sens de ce fameux monde d’après, de trouver des premiers éléments de réponse à la question de la vie par-delà la crise.

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Arts de vivre

Les maximes de La Rochefoucauld

Dans les Maximes de La Rochefoucauld, nous retrouvons un fin psychologue qui jette un regard intransigeant sur la société de son temps comme sur lui-même, poussant l’impératif socratique « connais-toi toi-même » à son paroxysme dans l’autoportrait qu’il nous dresse en prologue. Son écriture agile et pleine d’humour se lit avec plaisir. C’est aussi un penseur original qui dans beaucoup d’aphorismes, nous apparaît comme proto-nietzschéen.

Le recueil des Maximes pourrait être un livre de chevet dans lequel on pioche, selon le besoin, des éclats de pensée qui nous inspirent au quotidien. J’y ai personnellement trouvé des résonances très justes. Voici quelques unes des idées qui m’ont le plus marquée en lisant La Rochefoucauld.

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Notes de lecture

L’existentialisme est un humanisme de Jean-Paul Sartre

Pendant longtemps, j’ai snobé Sartre. Je pensais, à l’instar de Foucault, que c’était un philosophe resté coincé dans le 19ème siècle. Je m’arrêtais beaucoup sur cette faiblesse de sa philosophie et de tant d’autres : une notion d’universel tout sauf universelle, comme le démontra plus tard Élisabeth de Fontenay. Mais il y avait, quelque part, toujours une attraction vers l’existentialisme qui je ne le cache pas, a été inspirée par tout un cliché d’un mode de vie existentialiste, radicalement moderne et désenchanté. D’un autre côté, la lecture du Deuxième Sexe _ duquel j’ai dévoré les 1071 pages quelques semaines avant le bac par pure procrastination _ m’avait beaucoup marquée. En me faisant réfléchir sur ma condition de femme, la lecture de Simone de Beauvoir m’a aussi donné un certain appétit pour la philosophie et l’impression que l’existentialisme pourrait être une pensée libératrice. Dans L’existentialisme est un humanisme, Jean-Paul Sarte entend répondre à ses critiques, nombreux hier comme aujourd’hui. A-t-il réussi à son entreprise ?

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