Listes

Lire du théâtre : Goethe, Sartre, Beckett et Ionesco

Dernièrement, je me suis découverte une véritable passion pour le théâtre. Je parle bien de lire et non pas de regarder du théâtre, ce que je n’ai pas eu l’occasion de faire depuis un bon bout de temps. Il est évident que lire du théâtre ou assister à une pièce de théâtre, ce sont là deux expériences fondamentalement différentes. Nous n’avons sous les yeux que les répliques et les didascalies. C’est à notre imaginaire de mettre en scène le texte, de donner voix aux personnages. Nous pouvons même lire à voix haute comme aux temps anciens, c’est un sujet littéraire fascinant à découvrir sur l’excellent podcast « Les courbes graciles ».

Dans tous les cas, nous jouons un rôle actif et en cela, le théâtre diffère aussi de la littérature. Dans le roman, les éléments du décor, la nature profonde des personnages, nous sont donnés avec beaucoup plus de détails. Dans le théâtre, nous avons affaire à un texte léger, malléable, ouvert à interprétation. C’est un espace libre de fantaisie et de création. C’est à mon goût ce qui fait tout le plaisir de la lecture des pièces de théâtre et j’espère que mes recommandations vous donneront envie de vous lancer.

Lire la suite « Lire du théâtre : Goethe, Sartre, Beckett et Ionesco »
Portrait of a Young Woman in White, c. 1798
Notes de lecture

Mon année de repos et de détente d’Ottessa Moshfegh

La dépression n’est pas glamour. Il n’y a ni beauté ni sens dans nos luttes contre ce mal et nous ne sommes pas des héros auréolés pour avoir tenu bon. Personne ne reconnaît nos souffrances et personne ne voit notre bravoure. De l’extérieur, le dépressif est encore vu comme un être végétatif, déficient, parasitaire. Cette épreuve ne nous rend pas meilleur. Après un épisode dans les abysses, il  n’y a pas de grandes épiphanies, notre monde n’est pas radicalement transformé et la vie ne devient pas un long fleuve tranquille une fois que l’on a battu la bête. C’est un apprentissage quotidien où la résilience devient un sport de haut niveau. 

Lire la suite « Mon année de repos et de détente d’Ottessa Moshfegh »
Arts de vivre

Les maximes de La Rochefoucauld

Dans les Maximes de La Rochefoucauld, nous retrouvons un fin psychologue qui jette un regard intransigeant sur la société de son temps comme sur lui-même, poussant l’impératif socratique « connais-toi toi-même » à son paroxysme dans l’autoportrait qu’il nous dresse en prologue. Son écriture agile et pleine d’humour se lit avec plaisir. C’est aussi un penseur original qui dans beaucoup d’aphorismes, nous apparaît comme proto-nietzschéen.

Le recueil des Maximes pourrait être un livre de chevet dans lequel on pioche, selon le besoin, des éclats de pensée qui nous inspirent au quotidien. J’y ai personnellement trouvé des résonances très justes. Voici quelques unes des idées qui m’ont le plus marquée en lisant La Rochefoucauld.

Lire la suite « Les maximes de La Rochefoucauld »
Le thème de la dépression dans Frankenstein de Mary Shelley
Notes de lecture

De la mélancolie dans Frankenstein de Mary Shelley

Monument littéraire et mythe incontournable de la culture populaire, Frankenstein reste pourtant un classique méconnu. Souvent, Frankenstein est confondu avec sa créature, pourtant sans nom dans le roman et les personnages sont caricaturés à l’extrême, alors que le texte révèle leur complexité et leur sensibilité. Écrit par Mary Shelley à vingt ans à peine, Frankenstein décrit la descente aux enfers d’un scientifique qui parvient à répliquer la vie dans un style qui confond les genres, entre roman gothique et science-fiction. Écrit à une époque où les débats sur l’évolution font rage, il reste d’actualité pour réfléchir sur les questions de transhumanisme, de clonage et de sentience. Dans sa fluidité et sa hardiesse, le récit présente plusieurs niveaux de lecture. J’y vois notamment un thème persistant, pourtant peu mentionné dans les critiques : la mélancolie. En effet, l’expérience de la dépression y est décrite avec une justesse sans pareil et il serait intéressant de s’y pencher.

Lire la suite « De la mélancolie dans Frankenstein de Mary Shelley »