Notes de lecture

Les derniers jours d’Emmanuel Kant

Dans le paysage littéraire anglais du 19ème siècle, Thomas De Quincey est un auteur à part. Ni franchement romancier, ni tout à fait essayiste, il a expérimenté avec diverses formes d’écriture sans jamais respecter les codes d’aucune, toujours avec humour. Dans Les derniers jours d’Emmanuel Kant, il se base sur Kant intime, ouvrage réalisé par trois des disciples du philosophe : L.E. Borowski, R.B. Jachmann et E.A. Wasianski. C’est la voix de ce dernier que De Quincey emprunte pour faire le récit de la déchéance physique et mentale de Kant. Sans sarcasme apparent, le texte est écrit avec un sens du détail extrême, qui laisse entendre que l’écrivain y prend un malin plaisir. Petit livre d’une centaine de page, j’ai lu Les derniers jours d’Emmanuel Kant d’une seule traite, avec des impressions mitigées.

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Notes de lecture

Pensée à contre-courant : la confession de Léon Tolstoï

De tous les écrivains russes, Tolstoï est celui qui me parle le plus, avec lequel je sens le plus d’affinités. Certes, Tolstoï avait ses défauts. Le journal de sa femme, Sophia Tolstoya, nous montre à quel point il pouvait être difficile à vivre. Mais ce qui m’attire le plus chez cet écrivain, c’est son effort constant pour trouver une discipline de vie, pour sculpter un soi souverain dans le matériau tumultueux et mouvant de sa personne, et ce malgré ses nombreux échecs. Peu impressionné par la pensée dominante de son temps et de son milieu, il a toujours tenté de tracer sa propre voie et de garder une pensée indépendante.

Vers la fin de sa vie, Tolstoï s’isole de plus en plus et tombe même dans une crise existentielle. Pour se sortir de l’impasse, l’écrivain se livre à un examen de conscience qu’il consigne dans une succession d’essais, dont Ma confession (1) est la première tentative. Tolstoï finira même par édifier son propre système philosophique et religieux. Ses contemporains comprennent mal ce virage : les intellectuels y voient une maladie de l’esprit, tandis que l’église orthodoxe y voit de la pure hérésie. Pour ma part, bien que je sois une sceptique invétérée et que je ne sois guère attirée par les courants spirituels que Tolstoï explore vers la fin de sa vie, j’ai beaucoup apprécié la lecture de Ma confession. J’ai pu trouver dans cet essai des idées et des intuitions qui ont inspiré mon propre examen de la vie.

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