Lus dans mon adolescence, les romans de Hermann Hesse ont une résonance très différente aujourd’hui. À un âge où l’on se cherche encore, où l’on est empêtré dans la rêverie et l’abstraction d’une vie à peine ébauchée, la lecture de Hesse se perd dans la beauté des symboles, elle est aussi très individualiste : de son « individualisme au service de la communauté », nous ne retenons que la première partie. Avec l’âge et l’accumulation d’expériences de vie, de nouvelles couches de l’œuvre hessienne se dévoilent à moi et j’y retrouve un plaisir toujours renouvelé. Narcisse et Goldmund est une œuvre emblématique de l’auteur, bien que moins connue. C’est à la fois un récit passionnant et une réflexion sur l’art, la pensée, l’amitié et l’ambiguïté de la vie.
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Ode à la nouvelle : cinq recueils de nouvelles sur l’amour, l’art, la mémoire et la mort
La nouvelle n’est pas un sous-roman. Ce n’est pas un simple brouillon. Sa brièveté n’est pas toujours une preuve d’incomplétude, elle peut être un agent de densification. La limitation du texte court peut amener les auteurs à focaliser toute leur attention sur un court laps de temps, à en dégager toutes les impressions sans parcimonie (Tolstoï), à illustrer des idées maîtresses dans leurs œuvres (Hesse et Kundera), à examiner des éclats de souvenirs et en dégager du sens (Abdelfattah Kilito), ou encore à prendre courage pour émanciper la parole, laisser libre cours à son imagination et désencombrer la pensée de la bienséance (Zadie Smith). Ces cinq recueils nous montrent que la nouvelle peut être un texte à part, entier, au même temps que le champ de développement d’un projet d’écriture. Cinq recueils que j’ai lus et relus, dont je garde en mémoire des passages, des impressions de lecture indélébiles et que je vous invite à découvrir.
Lire la suite « Ode à la nouvelle : cinq recueils de nouvelles sur l’amour, l’art, la mémoire et la mort »L’œil et l’esprit : méditation sur la science, l’art et la perception
Été 1960, sous le soleil du Tholonet, dans une maison qui appartenait jadis à Cézanne, Maurice Merleau-Ponty médite sur la perception, son concept fondamental. Tout autour de lui, les paysages portant l’empreinte de l’œil du peintre appellent son attention, le poussent à redécouvrir les questions fondamentales de sa philosophie : la perception, la visibilité, le corps, la science et l’acte de création. Sa phénoménologie de la perception lui apparaît sous un nouvel éclairage, à la fois neuve et inchangée, saisie directement dans le monde qui l’entoure, débarrassée des contraintes de la théorie. De cette méditation résulte L’œil et l’esprit (1960), un texte testament car ce sera là aussi le dernier été du philosophe.
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Je teste des routines d’écrivains : Simone de Beauvoir, intellectuelle extravertie
Cette fin d’année a été une lente décrépitude. J’ai perdu toute notion du temps et je n’avais bientôt plus de structure dans ma journée. J’avais désespérément besoin d’ordre et de discipline. Je me suis dit que je pourrais me remettre à tester des routines d’écrivain.e.s pour recommencer à construire la mienne. Cette fois, j’ai choisi un tempérament sensiblement différent du mien. Simone de Beauvoir ne vivait pas en ermite. Elle jouissait d’une vie sociale épanouie au même temps qu’une vie intellectuelle intense. Pendant toute la journée du vendredi 4 janvier, j’ai suivi la routine qu’elle a partagée dans une interview au Paris Review en 1965.
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