Au cours de l’année dernière, j’ai réorganisé ma bibliothèque personnelle. C’était un travail de longue patience qui m’a poussé à beaucoup réfléchir sur ma pratique de lecture. Je ne voulais pas d’étagères esthétiques avec des éditions luxueuses de livres que je n’ouvrirais peut-être jamais. Je voulais me construire un espace à mon usage, avec des livres que j’ai réellement envie de lire. Des références qui me sont familières, mais aussi, des textes qui bousculent mes habitudes de lecture, qui m’ouvrent de nouveaux horizons.
Ceci n’est pas un travail achevé et il ne le sera probablement jamais. Mais jour après jour, alors que les piles de livres reprenaient leurs places sur les étagères, j’ai trouvé de plus en plus de plaisir à les regarder, comme autant d’aventures futures que j’ai hâte d’entamer. J’en ressors avec trois principes de base pour se constituer une bibliothèque à notre mesure, qui soit notre foyer et notre sanctuaire.
Chacun ses classiques
Qu’est-ce qu’un classique ? Une œuvre qui a passé l’épreuve du temps, qui a été encensé par la critique, qui accède à une certaine forme d’universel ? Ce sont là des critères peu fiables. Un texte oublié peut toujours être déterré et trouver de nouveaux lecteurs. La critique, aussi désintéressée qu’elle soit, souffre forcément de préjugés. Quant à l’universel, c’est une notion souvent brumeuse. Sans oublier que les récits particuliers, sur des vies en marge, ont beaucoup à nous apprendre.
Bien sûr, certains livres sont considérés comme classiques parce que leur lecture peut beaucoup nous apporter. Je pense aux textes antiques, à des œuvres majeures comme Faust ou à Guerre et Paix. Et pourtant, leur lecture n’est pas nécessaire. La lecture est une pratique intime et si vous lisez réellement pour le plaisir, vous vous constituerez forcément une collection personnelle de « classiques ». Je sais pour ma part que j’ai pris plus de plaisir à lire Françoise Sagan qu’Alain-Fournier. Pour cette raison, la première figurera sur mes étagères plus souvent. La science-fiction est souvent écartée du piédestal des classiques et pourtant, elle compte certaines des œuvres qui éclairent le mieux la condition humaine. Pour cette raison et pour d’autres encore, je suis convaincue que chacun à ses classiques.
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Philosophies, sagesses amies
La philosophie n’a pas à être intimidante. Si l’on y réfléchit, nous avons tous besoin d’un rayon philosophie dans notre bibliothèque personnelle. Nous avons besoin de philoso-phia : d’être les amis de la sagesse, selon les Grecs anciens. Nous nous posons naturellement des questions sur le pourquoi de notre existence, sur les rouages de notre pensée et les solutions aux dilemmes éthiques ambigus de notre temps, de tout temps… Nous ne pouvons pas y échapper.
J’aime à penser que la philosophie est, au sens de Deleuze, une boîte à outils. Nous sélectionnons, au fil de nos lectures, ce qui nous sert et délaissons ce qui ne résonne pas avec nous. Nous ne sommes pas obligés de souscrire complètement à un courant de pensée et nous avons à notre disposition un héritage philosophique des plus diversifiés, des quatre coins du monde. Nous construisons notre propre pensée par la confrontation aux textes philosophiques, dont certaines peuvent d’abord sembler contre-intuitifs. C’est là toute la joie que nous offre la philosophie : une quête radicalement individuelle, un long chemin vers soi-même.
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Des livres où piocher
Nous ne sommes pas obligés de nous engager dans des lectures longues et laborieuses pour être des lecteurs « sérieux ». Un esprit volage, qui butine des passages au cours de sa journée, en ressort tout aussi enrichi et revigoré. C’est une pratique à la fois ludique et salutaire à intégrer à son quotidien. Quels que soient vos domaines de prédilection, gardez des anthologies de vos auteurs préférés, des recueils de nouvelles, de poésie ou d’aphorismes. En piochant dedans un peu tous les jours, vous vous créez facilement une routine de lecture et vous en retirez tous les bénéfices.
En ce moment, je pioche dans Dévotions de Mary Oliver et dans Pensées pour moi-même de Marc Aurèle. Les vers si précis de la poétesse américaine me rappellent à la poésie du monde qui m’entoure, ici et maintenant, alors que je commence ma journée. Les pensées stoïques de l’empereur romain me donnent la vigueur nécessaire pour faire face aux aléas de la vie.
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Très intéressantes réflexions et organisation de bibliothèque. J’ai un rayon philosophie, un autre romans policiers, un autre poésie, un autre bd et romans graphique. C’est dans les romans qu’il y a du rangement à faire. Bon je vais y réfléchir. Merci pour l’article motivant !
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Je lis de plus en plus de policiers ces derniers temps et je commence à y trouver mon bonheur. J’ai très très envie de développer mes étagères BD, donc si jamais vous avez des recommandations, je suis preneuse !
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D’accord, je vais essayer de mettre plus de BD cette année même si ce n’est pas ce que je lis le plus… Faute de trouver à la fois une belle histoire, des dessins qui transportent et une mise en page liant le tout… Mais j’ai fait quelques acquisitions intéressantes !
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Splendide Fedwa !
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Comme nous avons tous en tête une bibliothèque idéale…aussi singulière que peut l’être une personne vouée à la lecture, aussi diverse que peut-être la diversité des sensibilités, il me vient juste une idée qui a émergé quand je me suis amusé à ranger la mienne…pour moi elle doit être attrayante, comme intégrée à mon intérieur, elle doit me refléter comme mon intérieur, avec toutes ses bizarreries reflète ma personnalité…aussi récemment je me suis mis à la présenter dans mon meuble vitrine comme l’étalage d’une bouquinerie accueillant des livres rares..
De lecteur …je suis passé à étalagiste..bien que l’ironie de ce terme ne m’échappa pas.
Les livres sont peut-être des alcôves, des refuges dans une vie sociale apauvrissante…ils ne sont pas pour moi opposés à la vie…j’ai donc mis des fleurs, des papiers décoratifs, et toutes choses qui peut faire songer de près ou de loin au contenu de mes livres, je peut faire cotoyer un livre de jardinage ou une flore avec un livre de Rousseau, et pourquoi pas une loupe …Un livre d’écrivain voyageur avec une carte IGN et des souliers, une bibliothèque doit-faire envie…on doit pouvoir y vagabonder…j’aime qu’elle soit plaisante et non ressembler aux allées moisies de certaines bibliothèques ou
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on a l'impression que toutes vie est absente sauf à accueillir ceux que certains appellent "les rats de bibliothèques"…avez vous trouvé dans ces lieux des salons ou l'on peut lascivement s'allonger pour lire un livre..avez vous trouvé des endroits pour manger, boire, ….point
Donc dans ma bibliothèque…./….
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