Listes, Parenthèses

L’art de ne rien faire : comment restaurer son attention à l’ère des réseaux sociaux ?

Mon été a été particulièrement calme. Probablement sous l’effet de ma lecture de juillet : Comment ne rien faire (How to Do Nothing, Jenny Odell). Il s’agit d’un pamphlet contre le productivisme et pour la restauration de notre attention à l’ère de la suprématie digitale. Dans un moment de ma vie où je remets en question mes notions de performance et de réussite, cet essai a été particulièrement éclairant. L’autrice m’a rappelé les vertus de l’oisiveté, de la contemplation, de la rêverie, de ces moments de latence qui donnent tout son sens à l’action.

Depuis cette lecture, certaines choses ont changé, lentement mais sûrement. J’ai appris à mettre les écrans de côté et à regarder ailleurs, pas par discipline, parce que c’est bon pour moi, mais tout simplement parce que je m’intéressais sincèrement à mon environnement immédiat. Ma concentration s’est restaurée le plus simplement du monde et durant ces longs mois chauds, je me suis réconciliée avec mon horloge interne. J’ai enfin compris ce que les taoïstes voulaient dire par Wu Wei : le non-agir ou l’action naturelle. Paradoxalement, c’est aussi pendant cette période que j’ai lu le plus. Je vous partage donc ici quelques-unes des lectures qui m’ont le plus marquée parmi les livres que j’ai parcourus cet été, avec beaucoup plaisir et sans préméditation.

Des Bleus à l’âme de Françoise Sagan

Pas un été sans Sagan. Il en a toujours été ainsi. Son écriture a le ton léger qu’il faut quand il fait trop chaud et ses romans retranscrivent parfaitement le blues de l’été et par là même, le sentiment d’inadéquation, l’incapacité à se reconnaitre dans les euphories collectives qui fait tout le drame de plumes comme la sienne. J’ai été frappée par Des bleus à l’âme parce qu’il a accompli, à mes yeux, ce que Bonjour tristesse n’a pu accomplir. Ce dernier, Françoise Sagan l’a écrit à 17 ans, il en a toutes les qualités et tous les défauts. Le défaut le plus flagrant pour moi, même si j’avais apprécié ma lecture, était le manque de vulnérabilité. Dans Des bleus à l’âme, l’entêtement adolescent s’est évanoui et l’écrivaine apparaît dans toute sa vulnérabilité, dans un format hybride, entre récit et essai, qu’elle manie à la perfection.

L’herbe rouge de Boris Vian

Upstream de Mary Oliver

Dans Comment ne rien faire, Jenny Odell opposait à la frénésie de notre époque hyperconnectée le bio-régionalisme : une façon de trouver ancrage dans son environnement immédiat, en s’informant sur et en œuvrant à la protection de la diversité naturelle de sa région. Alors que j’essayais, de mon côté, de surmonter mon éco-anxiété pour aller à la découverte de la faune et de la flore de ma région, le Souss, je tombais par un hasard bienheureux sur la poétesse américaine Mary Oliver, une femme qui était radicalement ancrée dans son environnement. Upsteam est une collection de ses essais, mais on y retrouve toute sa sensibilité poétique. Ces textes sont écrits alors qu’elle marche en amont du fleuve Arun, dans la région du Sussex. La poétesse nous livre, en toute finesse, ses réflexions et ses intuitions sur la nature, la littérature et l’écriture. Elle nous enjoint surtout à communier avec la nature, à observer ses infimes variations et à restaurer, à travers ce travail lent et patient, nos forces créatives.

L’attention est le début de la dévotion.

Notes en marge : la newsletter

Une autre façon de ralentir

Mon idéal de vie a toujours été de me replier sur l’essentiel. Faire des choses qui ont de la valeur pour moi, pour le simple plaisir de les faire.

Ce blog en est un bon exemple. J’ai lancé Notes en marge pour me redonner envie de lire. Cela fait bientôt quatre ans et c’est probablement le projet que j’ai mené avec le plus de constance ces dernières années.

Se replier sur l’essentiel amène forcément à s’éloigner de l’inessentiel. J’utilise de moins en moins les réseaux sociaux, une cacophonie à laquelle je ne peux m’exposer qu’avec parcimonie. Cela dit, j’ai toujours envie de partager mes articles avec vous et je serai heureuse d’avoir vos retours.

Je serai honorée de partager avec vous, de temps en temps, des réflexions et des recommandations de lecture supplémentaires.

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David Hockney, Garden

1 réflexion au sujet de “L’art de ne rien faire : comment restaurer son attention à l’ère des réseaux sociaux ?”

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