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Rétrospective 2020 : les lectures qui m’ont accompagnée cette année

Je n’étais pas très enthousiaste pour la rétrospective de cette année. Contrairement à ce qu’on nous rabâche sur les réseaux sociaux, je n’ai pas lu tous les livres de ma bibliothèque, je n’ai pas fait de pain au levain et non, je n’ai pas écrit le roman du siècle. J’ai navigué, tant bien que mal, des temps curieux, et quand toute normalité m’étais devenue impossible, je me suis résolue à accepter cette étrangeté, à vivre à l’envers de moi-même : veiller plus tard, regarder des séries pendant des heures, jeter mes rituels en pâture, oublier toute notion de discipline. J’ai pourtant lu cette année, beaucoup moins que les années précédentes, mais assez pour m’aider à avancer. Car face à un évènement exceptionnel, les exhortations à l’excellence sonnent creuses, voire indécentes. Essayer de durer plus longtemps que les temps difficiles, cela devrait être le seul impératif, le seul mantra. Je vous partage donc ici certaines des lectures qui m’ont apporté du réconfort cette année, ou m’ont revigoré dans mes périodes les plus léthargiques, sans ordre de préférence.

Oblomov d’Ivan Gontcharov

Oblomov est ce que nous sommes tous devenus cette année. Confiné volontaire, il passe le plus clair de ses journées dans son lit, dans son appartement de Pétersbourg. Passé maître dans l’art de la procrastination, il échafaude des plans ambitieux qu’il ne concrétise jamais, se plaint d’être toujours occupé sans bouger le petit doigt. Mais derrière sa paresse et son apathie se révèle un monde intérieur foisonnant, fait de contrées imaginaires, de souvenirs douloureux et de rêves déchus. La poésie de l’oisiveté se découvre à nous au fil du texte, dont le ton est tantôt drôle, tantôt lyrique. C’est le roman du confinement par excellence. Seul bémol : l’oblomovisme peut être contagieux. 

Un cœur vierge ou épuisé par les émotions voudrait se cacher dans ce petit coin, oublié du monde entier, et y vivre d’un bonheur ignoré du reste des hommes. Tout y promet une vie longue et paisible jusqu’à ce que les cheveux jaunissent, et une mort insensible et semblable au sommeil.

Les stoïciens

J’ai l’intime conviction que la philosophie peut être une compagne fidèle à toutes les étapes de la vie, qu’elle nous aide à mieux vivre et à densifier l’instant. En temps de crise, les stoïciens sont les meilleurs alliés car leurs textes ont souvent été rédigés dans des temps difficiles. Aucune école philosophique n’a autant pensé la possibilité d’un bonheur en temps troubles, de la sérénité face à la fatalité, de l’action face aux limitations extérieures et de la stabilité face aux imprévus. Les lettres de Sénèque, le manuel d’Épictète ou encore les Pensées de Marc-Aurèle peuvent apporter beaucoup de réconfort, mais aussi nous fortifier et nous revigorer face aux épreuves de la vie.

À quoi donc faut-il rapporter notre soin ? À ceci seulement : une pensée conforme à la justice, une activité dévouée au bien commun, un langage tel qu’il ne trompe jamais, une disposition à accueillir tout ce qui nous arrive comme étant nécessaire, comme étant attendu, comme découlant du même principe et de la même source.

Pensées pour moi-même de Marc-Aurèle

L’œil et l’Esprit de Maurice Merleau-Ponty

Le calme des journées passées chez soi, souvent à part soi, nous appelle à la méditation. L’œil et l’Esprit de Maurice Merleau-Ponty est une méditation philosophique revigorante sur la perception et par extension, l’art. Ce fut là ma première introduction à la phénoménologie, du moins dans le texte, et c’était une découverte inouïe. J’estime que la compréhension n’est pas seulement le fruit de la cognition, mais d’un changement dans notre façon de sentir, comme un changement d’éclairage subtil qui révèle des détails jusque-là invisible du monde qui nous entoure. C’est exactement cela qui s’est passé avec L’œil et l’Esprit. Dans cet essai, la langue de Maurice Merleau-Ponty est plus claire, libérée des contraintes de la théorie, elle sonne juste et nous révèle l’essence de la pensée du philosophe, une réflexion qui nous rend plus présent à nous-même et au monde immédiat.

Visible et mobile, mon corps est au nombre des choses, il est l’une d’elles, il est pris dans le tissu du monde et sa cohésion est celle d’une chose. Mais, puisqu’il voit et se meut, il tient les choses en cercle autour de soi, elles sont une annexe ou un prolongement de lui-même, elles sont incrustées dans sa chair, elles font partie de sa définition pleine et le monde est fait de l’étoffe même du corps.

Et vous, quels ont été vos livres préférés en 2020 ? Les lectures qui vous not le plus réconforté ou inspiré ?

Sur ce, je nous souhaite à tous une année plus tolérable.

2 réflexions au sujet de “Rétrospective 2020 : les lectures qui m’ont accompagnée cette année”

  1. awesome Fedwa. Un grand merci pour cette belle rétrospective ! Hâte de lire tes prochains retours !

    Mes coups de coeur de l’année :
    La panthère des neiges de S.Tesson
    Americanah de C.N.Adichie
    Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit de J.D’Ormesson
    Le procès-verbal de J.M.G.Le Clézio
    et puis … La fête de l’insignifiance de MilanKu

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